La chance Trump
Depuis sa prise de fonction Donald Trump met en œuvre son programme liberticide et
protectionniste à une vitesse qui laisse un peu sonné, à défaut d’être surpris,
car Trump fait ce qu’il avait dit qu’il ferait.
C’est une très mauvaise nouvelle pour les américains, dont
une majorité,
rappelons-le, a voté pour Hillary Clinton.
Mais Trump peut être aussi une chance, et nous allons voir
pourquoi.
Tout d’abord Trump devrait mettre
fin aux discussions sur le TIPP, le
fameux traité transatlantique ; ce que les opinions publiques européennes
n’ont pas obtenu de leurs gouvernements et de la Commission, c’est-à-dire le
retrait de ce traité néfaste, Trump va le faire pour nous. Voilà une première
bonne nouvelle.
Défense et diplomatie
Ensuite en affirmant une position isolationniste qu’on
pourrait résumer en « America first and only », Trump signifie aux
européens que leur défense va être le cadet de ces soucis, et ce dans un
contexte où un étrange axe Washington/Moscou semble se dessiner. En outre,
l’OTAN semble être devenue une coquille vide, le réceptacle dépassé de vieilles
stratégies. Cela doit obliger l’Europe à repenser sa défense et au-delà sa
diplomatie, dans un monde de plus en plus incertain, avec des menaces
croissantes et des alliances de plus en plus instables.
Pour cela il faut imaginer une évolution notable des
doctrines et des politiques en vigueur ; avec la Grande Bretagne sur le
chemin du départ, une Europe de la défense et de la diplomatie doit se
structurer autour d’un axe France/Allemagne, car il n y a désormais pas d’autre
alternative. Cela implique que l’Allemagne puisse à nouveau s’imaginer et
s’impliquer comme une puissance diplomatique voire militaire, et fasse évoluer
la doctrine
héritée de la défaite de 1945. Au delà de la dimension militaire de cette
« alliance » l’élaboration d’une politique commune vis à vis de
l’Afrique et du Moyen Orient est une obligation, en raison d’une part de la
proximité géographique avec ces zones d’instabilité, et ensuite en raison du
potentiel de développement que représentent ces régions – notamment pour
l’Afrique. Cette initiative doit se faire hors du cadre de l’Union en agrégeant
les pays intéressés (les candidats naturels sont sans doute l’Italie et
l’Espagne). En effet la pesanteur des prises de décisions dans le cadre actuel de
l’UE et les intérêts divergents de ses membres, rendent impossible d'imaginer cette politique dans une
Union à 27.
Écologie, culture et social
Au-delà des questions diplomatiques il faut aussi
complètement réorienter notre politique européenne, ou plutôt la façon dont
l’Europe s’imagine et se construit; la probabilité que cela puisse se faire
dans le cadre de l’Union est là aussi quasi nulle. Dès lors il faut faire une pause c’est à dire considérer que
l’Union avec sa structure et sa gouvernance actuelles a atteint une
limite ; dès lors toute évolution devra se faire en dehors. En revanche il
faut avancer avec un groupe de pays (là encore l’Allemagne, l’Espagne et
l’Italie sont des candidats intéressants) sur la voie d’une nouvelle Europe, en
affirmant son caractère social,
écologique et culturel. Face à une Amérique repliée et défendant ses
seuls intérêts et une Chine au modèle social si différent, il faut construire
un ensemble cohérent et fort.
Cet ensemble (France/Italie/Allemagne/Espagne (FIAE))
représenterait la troisième puissance économique mondiale, avec un PIB de
l’ordre de 50%
de celui des USA, et un rôle de premier plan dans les échanges mondiaux. Ce regroupement peut donc peser et compter, et s’affirmer comme un acteur autonome –
avec comme condition nécessaire la définition d’une politique de défense et
diplomatique évoquée plus haut.
-
- Une harmonisation fiscale et sociale très
poussée, avec comme objectif de s’assurer du paiement réel de l’impôt par les
entreprises sur la zone FIAE, en décourageant sévèrement l’optimisation fiscale.
Cela permettra de récupérer des marges de manœuvre budgétaires significatives,
-
Une mutualisation des budgets de recherche,
en définissant de grandes priorités et en y consacrant des sommes importantes
(transition écologique et nouvelles énergies, intelligence artificielle..),
-
- Une solidarité budgétaire entre les pays de la
zone, avec par ailleurs une « sortie » des règles européennes de
déficit et de dette,
-
- Un accroissement significatif des échanges
éducatifs, universitaires et culturels. On pourrait fixer par exemple comme
objectif l’apprentissage systématique de 2 langues de la zone FIAE en plus de
sa langue maternelle,
-
- Des objectifs communs en matière de politique
énergétique (énergies renouvelables, normes, réduction des émissions polluantes)…
A ce titre on rappellera que 5 des 10 premiers constructeurs automobiles
mondiaux sont originaires de France, d’Allemagne ou d’Italie, ce qui devrait
permettre d’être ambitieux dans ce domaine,
-
- Des normes sanitaires exigeantes privilégiant la
santé des populations et non pas les marchés des entreprises (industries
chimiques et pharmaceutiques, réglementation alimentaire..),
-
- Des normes sociales convergentes et protectrices
(salaire minimum, droit à la retraite, revenu universel ou équivalent..).
Tout cela devrait se faire dans le cadre d’une gouvernance à
imaginer, mais qui devra privilégier une démocratie réelle où les peuples
gardent la maîtrise des décisions (Parlement des FIAE pour les décisions
relevant de la zone ? gouvernement commun de la zone ?..)
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