Le jour d'après
Évidemment j’aurais préféré ne jamais écrire ce
billet. Mais avant toutes choses un pensée pour les victimes, leurs familles et
leurs proches. Et aussi mon admiration et mon respect aux forces de police et à tous les soignants.
Ce blog se veut un espace de réflexion et je
pense qu’une des meilleures façons de combattre le terrorisme, la barbarie, l’horreur,
c’est justement l’analyse pour comprendre et agir.
Je livrerai ici quelques éléments et je renverrai
à ce que j’écrivais il y a quelques mois après les attentats de janvier et dont
l’actualité reste, tragiquement, vive.
a)
Le risque zéro n’existe pas.
Quels que soient les moyens, surveiller
plusieurs centaines, voir milliers, d’apprentis djihadistes radicalisés est
tout simplement impossible. Daesh – et ses alliés – dispose d’un réservoir
important de candidats à la folie et des moyens matériels et financiers
d’organiser, planifier et commettre des attentats. Bien sûr on peut améliorer
l’efficacité des services de renseignement et de surveillance, on peut
renforcer les mesures de sécurité et les contrôles, et il faut le faire. Mais
encore une fois le risque zéro n’existe pas. Ceux qui, de façon indigne,
utilisent ces évènements à des fins politiciennes sur l’air de « on n’a pas fait assez », « on aurait fait mieux », sont des
démagogues et des menteurs (on remarquera par ailleurs que les mêmes nous
expliquent qu’il faut que l’on paye moins d’impôts ou que l’Etat est obèse. On
fait comment pour financer plus de policiers, gendarmes, de magistrats ?).
b)
Ici et maintenant, loin et demain
L’éradication du risque terroriste ou en tout
cas sa diminution drastique dépend à la fois d’actions concrètes sur notre
territoire (depuis l’éducation en amont jusqu’à la répression en aval), d’une
réelle coordination diplomatique internationale, et enfin d’une politique
étrangère cohérente, y compris dans sa dimension militaire. A ce titre la
politique occidentale depuis le 11 septembre 2001 est un fiasco absolu.
c)
Jeu d’échecs
Les terroristes agissent avec un coup d’avance.
Tout d’abord ils ont la maîtrise du calendrier de leurs attaques et peuvent
donc anticiper sur les conséquences. Ensuite ils ont une vision de long terme.
Les stratèges de Daesh – car malheureusement
ils ont des stratèges qui eux tirent les ficelles bien loin de la France –
veulent étendre le califat au delà du Moyen Orient. Et dans leur vision du
monde fanatique et totalitaire, pour réussir cela il faut d’une part installer
la terreur dans les populations visées et les « antagoniser », notamment en créant une fracture entre les
populations musulmanes et les autres habitants. Leur rêve – et notre cauchemar
– est sans doute de provoquer des tensions telles que nos sociétés évoluent
vers des situations de guerre civile.
Il faut comprendre cela et mettre en place les
bonnes stratégies de riposte. Nos hommes politiques qui semblent ne raisonner
que dans l’instant, avec pour certains comme seul horizon les prochaines
élections, ne sont pas hélas rassurants sur ces sujets.
Je conclurai en reproduisant un
texte que j’avais écrit lors des attentats de Charlie et de l’Hypercasher et en
renvoyant vers une analyse plus détaillée des pistes que je propose qui
s’intitule « Après Charlie: repenser le lien entre religion et notre
politique. »
http://blogs.mediapart.fr/blog/chem-assayag/200115/apres-charlie-repenser-le-lien-entre-religion-et-notre-politique
Lettres de guerre
le m n’a plus toutes ses jambes et erre sur la page
tandis que le t mutilé n’est plus le même
le q pleure sur le cadavre couché, horizontal, du s
et le g et le f encore terrées dans leurs tranchées n’osent sortir leurs têtes
un vent mauvais a décapité le b, cisaillé le i, guillotiné le h
un n unijambiste se traîne entre les lignes
et un o instable roule telle une bille folle
rien n’a survécu sauf un v lâche et un x inconnu
seul le l droit et fier défend l’honneur de l’alphabet
secrètement il espère la p
le m n’a plus toutes ses jambes et erre sur la page
tandis que le t mutilé n’est plus le même
le q pleure sur le cadavre couché, horizontal, du s
et le g et le f encore terrées dans leurs tranchées n’osent sortir leurs têtes
un vent mauvais a décapité le b, cisaillé le i, guillotiné le h
un n unijambiste se traîne entre les lignes
et un o instable roule telle une bille folle
rien n’a survécu sauf un v lâche et un x inconnu
seul le l droit et fier défend l’honneur de l’alphabet
secrètement il espère la p
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