De la nécessité de mieux appréhender la létalité du Covid-19


Résultat de recherche d'images pour "covid 19"La dangerosité d’une épidémie est principalement facteur de deux variables : le taux de reproduction de base – aussi appelé R0 – et le taux de létalité.

Le R0  détermine le degré de contagiosité de la maladie. Concrètement ceci revient à calculer le nombre moyen d'individus qu'une personne infectieuse pourra infecter, tant qu'elle sera contagieuse. Si R 0 < 1 {\displaystyle R_{0}<1} le R0  est inférieur à 1, alors un individu contaminé en infecte en moyenne moins d'un, ce qui signifie que la maladie disparaîtra de la population à terme. À l'opposé, si le R0 est supérieur à 1R 0 > 1 {\displaystyle R_{0}>1}, alors la maladie peut se propager dans la population et devenir épidémique.  Plus le R0 est élevé plus la maladie sera contagieuse et plus vite elle se propagera (source Wikipedia).

Le taux de létalité est la proportion de décès liés à une maladie ou à une affection particulière, par rapport au nombre total de cas atteints par la maladie. C’est une division basique.

En combinant ces deux variables on comprendra aisément qu’une maladie avec un Ret un taux de létalité élevés sera très dangereuse, et qu’à l’inverse une maladie avec un Ret un taux de létalité faibles sera relativement inoffensive.

Néanmoins in fine c’est le taux de mortalité qui sera le plus important, car même si une maladie est très contagieuse, si son taux de létalité est faible, alors son impact restera limité.

Dans le cas du Covid-19 les données concernant le R semblent relativement bien établies, on évoque le plus souvent un R0 autour de  2,5. Il s’agit donc d’une maladie relativement contagieuse, plus que la grippe saisonnière  par exemple (avec un R0  proche de 1,3), comparable au SRAS, mais bien moins que  la varicelle ou la rougeole (avec des R0 supérieurs à 10).

En revanche le taux de létalité du Covid-19  nous semble mal défini et  c’est très gênant.

On évoque régulièrement des chiffres entre 2 et 3%  ce qui veut dire que 2 à 3% des personnes contaminées par le virus finiraient par en mourir. Le directeur de l’OMS parlait par exemple d’un taux de létalité de 3,4% (à comparer avec un taux largement inférieur à 1% pour la grippe, ici on rappellera que pour la seule saison 2018/2019, 9900 décès sont attribués à la grippe saisonnière en France sans que cela ne provoque aucune émotion particulière), tandis que d’autres  études indiquent des taux inférieurs, plutôt autour de 2,5%.  Mais au-delà de l’écart entre ces chiffres il existe plusieurs biais fondamentaux  sur le taux qui est annoncé :

-        Le virus va d’abord s’attaquer aux organismes les plus faibles, et le taux de létalité va baisser à mesure que le virus se répand dans la population et infecte des personnes en meilleure santé,

-        Il y a manifestement d’importants facteurs de co-morbidité associés au Covid-19. Plusieurs décès imputés au Covid19 sont liés à la combinaison de plusieurs facteurs (âge avancé, autres maladies préexistantes…), et si le Covid19 a pu accélérer la mort des patients une partie d’entre eux seraient morts « quand même »,

-        Enfin le biais fondamental est lié au mode de calcul du taux lui-même. Pour rappel il s’agit d’une division basique. Le numérateur (le nombre de décès) est connu et communiqué chaque jour. Ce qui va avoir un impact énorme sur le taux de létalité c’est le dénominateur. Si on teste un nombre de personnes limité, c’est-à-dire celles qui sont manifestement malades – symptomatiques -, ou uniquement celles qui sont proches de sources de contagion, on va avoir un dénominateur relativement faible, et donc un taux élevé. Si on teste la population très largement, en incluant des personnes asymptomatiques, c'est à dire infectées mais qui ne développeront pas de symptômes, et qui pourraient être très nombreuses, le taux va baisser spectaculairement.


Dès lors, MECANIQUEMENT, pour l’ensemble de ces raisons le taux de létalité du coronavirus va baisser au fur et à mesure que l’épidémie se diffuse. La question est bien de savoir jusqu’à quel point. Si par exemple on redescendait en dessous de 1% le risque serait évidemment bien moindre que ce que l’on imagine aujourd’hui.Dans ce contexte et alors que des moyens très importants sont dégagés pour faire face à l’épidémie, on se demande pourquoi on n’organise pas un dépistage sur des échantillons statistiquement représentatifs de la population (quelques milliers de personnes) permettant d’avoir une idée plus précise du nombre de personnes réellement contaminées et notamment de déterminer la part des contaminations bénignes et des contaminations sérieuses. A partir de là on pourrait extrapoler un nombre beaucoup plus fiable de personnes contaminées et donc calculer un taux de létalité plus réaliste.

Des chiffres fiabilisés sur le taux de létalité pourraient permettre d’appréhender de façon beaucoup plus juste cette épidémie et donc d’adopter les bonnes stratégies, notamment en évitant une sur-réaction, qui est l’hypothèse la plus probable à ce stade.


Covid-19, une pandémie difficile à cernerPS On pourrait espérer un effet paradoxalement « positif » de cette épidémie. En faisant la promotion des « gestes barrières », la propagation d’autres virus plus classiques, dont celui de la grippe, va être fortement ralentie, permettant de sauver des vies !

PS2 Je ne suis pas médecin, ni épidémiologiste et donc toute personne plus qualifiée que moi est bienvenue pour faire des commentaires et/ou rectifier mon article.

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