Les candidats et l’intelligence artificielle
Quel contraste ! Pendant que François
Hollande se débat dans les suites de la publication du livre « Un
Président Ne Devrait Pas Dire Ca », Barack Obama donne une interview
au magazine Wired sur le « futur du monde » et aborde avec une réelle
acuité des sujets passionnants et fondamentaux pour l’avenir de nos sociétés
comme l’intelligence artificielle, la cybersécurité et la fin du travail (ceci
est synchrone avec la publication par la Maison Blanche d’un rapport
sur l’intelligence artificielle, avec en parallèle un rapport
sur l’effort de recherche à réaliser dans ce domaine). D’un côté un Président
qui pense à demain, de l’autre un Président qui pense à hier.
On me rétorquera que Obama finit son mandat dans quelques
semaines, que pour lui il n’y a plus de réels enjeux politiques et qu’il peut
donc s’intéresser à ces sujets prospectifs. Peut être, mais c’est déjà bien
qu’un homme politique de ce niveau montre l’importance de ces thèmes et soit capable
d’en parler de façon pertinente.
S’il est facile de stigmatiser François Hollande – on attend
quand même avec impatience qu’il évoque un jour ces questions cruciales -, on
pourrait faire le même constat pour les (autres) candidats à la présidentielle. Le débat
des candidats à la primaire de la droite et du centre, de ce point de vue, a été
édifiant. Pas un mot sur l’intelligence artificielle, la robotisation, et les
problèmes éthiques et économiques associés, pas un mot sur l’évolution des
biotechnologies, pas un mot sur les enjeux climatiques et environnementaux…en
somme pas un mot sur les questions
majeures des prochaines années. On continue à regarder dans le rétroviseur des
35 heures, de l’ISF ou de la construction de prisons, les gimmicks de la
politique française.
On ne sait si c’est par un manque total de connaissance ou
de compréhension de ces sujets, ou par une focalisation extrême sur le court
terme, que notre classe politique – sauf rares exceptions – passe totalement à
côté de ces thèmes. Or, si la puissance publique ne traite pas ces questions,
ce sont les entreprises, on pense bien entendu au GAFA, et certains Etats, qui
s’en empareront pour nous et fourniront les réponses qui leur conviennent.
Dans ce contexte il faut sans doute imaginer et mettre en place des organismes collectifs
de réflexion réunissant citoyens, experts, et politiques, qui s’emparent de ces
sujets en amont et anticipent les questions à traiter. Le Comité Consultatif National d’Ethique,
qui intervient dans le monde la santé et des sciences de la vie, est un
exemple - inabouti, car les citoyens en
sont exclus – d’une structure qui réfléchit à des questions similaires au
confluent de la technologie, de l’éthique et de l’économie.
Il faudrait d’ailleurs penser à des mécanismes coercitifs
qui obligent l’exécutif et le législatif à partir d’un certain moment à
légiférer et/ou définir un cadre sur ces questions, lorsque la « société
civile », à travers ces nouveaux organismes considère que cela devient
urgent.
En attendant on peut toujours espérer que d’ici à mai 2017
un ou des candidats prononceront les mots de robotique, nanotechnologies ou encore de singularité et exposeront
leur vision sur ces questions.
Chem Assayag
Effectivement, mais nous pouvons faire le constat simple que le seul candidat actuel invitant le débat sur une planification écologique et les outils technologiques nécessaires à de telles évolutions sociétales reste Jean Luc Mélenchon. Pourquoi les cadres et leaders ne sont ils pas en capacité de comprendre que leurs compétences seront à forte valeur ajoutée dans un tel programme ? Quid du modèle de travail libéral une fois que l'intelligence artificielle et les avancées techniques libèreront du travail purement manuel ? Le revenu inconditionnel de base sera une nécessité.
RépondreSupprimerVous posez des questions pertinentes liées aux questions de l'AI et de la fin du travail, revenu de base, notamment. Mais c'est un sujet en soi.
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