Jaune + Vert



Lorsque le mouvement des Gilets jaunes a démarré un des aspects emblématiques de la contestation était lié à la hausse du prix des carburants. A partir de là un contresens important avait été fait sur l’ « incompatibilité » des GJ avec des revendications « écologiques ».  En effet il n’y avait aucune volonté particulière des GJ de défendre l’utilisation des énergies fossiles mais le simple constat que leur pouvoir d’achat était durement touché par cette augmentation de l’essence, qui représente pour beaucoup d’entre eux un poste de dépense important et contraint.
 En fait on peut penser que la « conscience écologique » chez les GJ n’est ni plus ni moins élevée que dans le reste de la population, mais en revanche leur capacité à faire des arbitrages en faveur de solutions plus respectueuses de l’environnement (chauffage ou alimentation par exemple) est rendue plus difficile par leur appartenance majoritairement aux classes les moins favorisées.
Si l’on pousse le raisonnement un peu plus loin on peut même considérer qu’il y a dans le mouvement des GJ et dans la protestation globale que le sent émerger autour des thèmes environnementaux et climatiques un objectif identique; même s’il n’est pas exprimé en tant que tel par les uns ou les autres, cet objectif est celui de la remise eu cause profonde, voire radicale, du modèle de développement économique qui est celui des sociétés occidentales depuis une trentaine d’année et que j’appelle captalisme.
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Le captalisme est incompatible avec les aspirations à la justice sociale qui sous-tendent de nombreuses demandes des GJ – qui, autre contresens, ne veulent pas moins d’impôt, mais mieux d’impôt, c’est à dire un impôt plus juste -, car sa mise en œuvre creuse les inégalités et clive de plus en fortement nos sociétés. Le captalisme est incompatible avec des politiques de sobriété, permettant de ralentir le processus de dérèglement climatique et de sauvegarder la biodiversité. Le captalisme est incompatible avec une approche respectueuse des êtres vivants, au premier rang duquel les hommes et les femmes, car il privilégie systématiquement la possibilité de faire un profit supplémentaire au détriment de tout autre considération.
Dès lors un enjeu majeur des prochains mois sera de voir dans quelle mesure le mouvement des GJ – et les mouvements "équivalents" dans d’autres pays, dont la matrice peut être trouvée dans « Occupy Wall Street » - et les différentes initiatives atour du climat – notamment – peuvent se rejoindre. Cette « convergence des luttes » comme certains l’appellent, n’est pas une simple vue de l’esprit mais la capacité à désigner correctement la même « racine du mal ».  
Cette jonction du vert et du jaune, de la contestation économique et sociale avec la contestation écologique, constituerait alors une vraie opportunité, sans doute historique, de changement de paradigme.
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